Cette lentille de contact connectée française intéresse Microsoft et les militaires américains

lentilles de contact connectées

Des chercheurs de l’IMT Atlantique, une des écoles d’ingénieurs de l’Institut Mines-Télécoms, développent une lentille de contact connectée inédite sur le marché. Elle vise les applications de l’homme augmenté dans le médical, l’automobile ou l’industrie. Le projet intéresse Microsoft et la Darpa américaine.

Nous sommes à l’aube d’une révolution dont peu de gens ont conscience, affirme Jean-Louis de Bougrenet de la Tocnaye, directeur du département d’optique de l’IMT Atlantique, une des écoles d’ingénieurs de l’Institut Mines-Télécoms. Le smartphone, qui représente aujourd’hui le summum de la mobilité et de la connectivité, va disparaître. Dans quelques années, il sera remplacé par des casques de réalité virtuelle et augmentée liés à des implants connectés. C’est sur ce coup d’après que tous les Gafam se positionnent aujourd’hui.

Tracer le regard dans l’espace

C’est pour anticiper cette révolution que des chercheurs de l’Institut Mines-Télécoms se sont lancés, il y a deux ans et demi, dans le développement d’un oculomètre destiné à être embarqué dans une lentille de contact. Le projet associe le département d’optique de l’IMT Atlantique à Brest et le département d’électronique flexible du Centre de Microelectronique de Provence (Ecole des Mines de Saint-Etienne) à Gardanne.

Avec le suivi des mouvements des yeux par l’oculomètre et le positionnement par le GPS du casque de réalité virtuelle et augmentée, il devient possible de tracer la direction du regard dans l’espace pour identifier l’objet d’attention, détecter un état de fatigue ou anticiper des interactions avec l’environnement, explique Jean-Louis de Bougrenet de la Tocnaye. L’objectif est d’ajouter à l’individu des compétences pour effacer ses handicaps ou l’aider dans ses tâches opérationnelles.”

Le projet s’inscrit dans la perspective de l’homme augmentée avec des applications de surveillance de l’attention du conducteur dans l’automobile, d’aide du chirurgien dans la précision et la sécurité des gestes ou encore d’assistance des malvoyants.

Premier système autonome 

Des lentilles de contact connectées existent déjà. Le suisse Sensimed en propose une qui mesure la pression intraoculaire des sujets au glaucome. Mais sa lentille reste passive, sans capacité de traitement embarquée ni batterie. “Notre dispositif est unique, affirme Jean-Louis de Bougrenet de la Tocnaye. En plus du transmetteur radiofréquence, il comporte des photodiodes de suivi du regard, un Asic de prétraitement et une microbatterie souple. C’est le premier système autonome.”

La microbatterie constitue l’un des principaux verrous technologiques. “Elle doit être suffisamment compacte, légère et souple pour épouser parfaitement la courbure de la lentille,explique Thierry Djenizian, directeur du département d’Electronique flexible du centre de microélectronique de Provence qui l’a développée. Pour des questions de sécurité, nous avons écarté les électrolytes liquides et solides traditionnels au profit d’un électronique polymère. Nous lui avons également donné une construction souple et étirable.”

L’Asic, le circuit intégré spécifique de traitement de la direction du regard, est en développement au département d’optique de l’Institut Mines-Télécoms Atlantique à Brest. Il sera fabriqué par STMicroelectronics. Il sera ensuite aminci pour le rendre souple. Aujourd’hui, la microbatterie et les composants électroniques sont visibles sur la lentille. Mais les chercheurs envisagent de passer au graphène pour rendre transparentes la microbatterie et les interconnexions électriques.

Test en 2020

Toutes les briques sont au point, se félicite Jean-Louis de Bougrenet de la Tocnaye. Nous devrions en faire l’intégration en octobre 2019 et espérons démarrer les tests en 2020. Ensuite nous pourrons passer aux tests cliniques de qualification.” L’intégration sera confiée au fabricant de lentilles de contact LCS.

Le projet suscite tout particulièrement l’intérêt de Microsoft, qui avait déjà développé une lentille connectée pour la mesure du taux de glucose chez les personnes diabétiques. Le géant américain du numérique serait prêt à y investir 2 millions d’euros. La Darpa, l’agence de recherches militaires aux Etats-Unis, se montre également intéressée. Ce qui a poussé la Délégation générale à l’armement à s’impliquer dans le développement. Mais Jean-Louis de Bougrenet de la Tocnaye se plaint des lourdeurs administratives en France et de la lenteur à voir les promesses de financement public se concrétiser.

 

source : usinenouvelle.com

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